Zambie-Zimbabwe 2ème partie : la traversée du Zimbabwe, des montagnes de l'Est à la vallée perdue de Honde pour finir à Mana Pools sur le Zambèze

Zambie-Zimbabwe 2ème partie : la traversée du Zimbabwe, des montagnes de l'Est à la vallée perdue de Honde pour finir à Mana Pools sur le Zambèze

Zambie-Zimbabwe 2ème partie : la traversée du Zimbabwe, des montagnes de l'Est à la vallée perdue de Honde pour finir à Mana Pools sur le Zambèze

Du 24 au 31 mai 2015

Chirinda Forest -> Chimanimani NP -> Vumba Mountains -> Nyanga NP -> Honde Valley -> Mana Pools NP

Album photos 2ème partie - Zimbabwe : la traversée des montagnes de l'Est à la vallée perdue de Honde pour finir à Mana Pools sur le Zambèze

Album photos 2ème partie - Zimbabwe : la traversée des montagnes de l'Est à la vallée perdue de Honde pour finir à Mana Pools sur le Zambèze


 

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Dimanche 24 mai

Chirinda Forest - Chimanimani NP : 129 km

Le feu qu’a ravivé David à son lever, n’est pas de trop ce matin pour nous réchauffer. Le soleil est déjà levé lui aussi, mais pas encore assez haut pour franchir la cime des arbres et nous réchauffer. Comme nous, la forêt s’éveille doucement et les singes samangos et les calaos à gros becs animent notre petit déjeuner. Nous plions bagage et prenons la piste qui nous ramène sur la route. Elle est un peu plus large que celle d’hier soir mais c’est toujours un véritable tunnel de verdure dans lequel nous nous enfonçons. On part voir Big Tree et la vallée des géants. Pour cela, il faut marcher dans la forêt. Heureusement, un sentier plutôt dégagé est aménagé et ça fait une bonne ballade dans cette forêt luxuriante. On découvre Big Tree dont on devine à peine la cime et qui a un tronc très impressionnant, ça doit être un sacré vieil arbre. On continue la boucle vers la vallée des géants, mais là les affaires se corsent : le sentier est de plus en plus étroit et on ne voit pas vraiment où on met ses pieds. Pour moi, c’est de plus en plus difficile d’avancer dans ces conditions. Je n’arrête pas de m’imaginer que je ne sais quelle bestiole est en train de monter un guet-apens invisible sur le sentier. Serpents, araignées, scorpions et autres joyeusetés, les exemples ne manquent pas. Alors forcément, quand la végétation devient encore plus touffue, ce qui est souvent le cas, mon stresse grimpe en flèche. Du coup, je n’en apprécie plus du tout la ballade. David, lui, reste stoïque, avance et m’encourage en jouant les éclaireurs. Ce qui s‘est transformé en épreuve pour moi semble durer une éternité et quand on tombe sur le sentier de retour vers la voiture, je renonce avec soulagement à la découverte de la vallée des géants, tant pis. La dimension hostile de cette impressionnante forêt a pris le dessus sur la curiosité. 

Réveil en attendant les rayons de soleil dans la clairière Ici les calaos sont bien différents de ceux qu'on a l'habitude de voir dans les régions arides
Réveil en attendant les rayons de soleil dans la clairière Ici les calaos sont bien différents de ceux qu'on a l'habitude de voir dans les régions arides
The Big Tree, le plus grand des arbres indigènes de cette forêt et de tout le Zimbabwe L'omniprésence du vert est plutôt déroutante voire oppressante
The Big Tree, le plus grand des arbres indigènes de cette forêt et de tout le Zimbabwe L'omniprésence du vert est plutôt déroutante voire oppressante

On reprend la route jusqu’à Chipinge, puis Chimanimani, En chemin, on traverse une région de production agricole intense, en particulier bananiers et noix de macadamia: On profite d’un petit marché à un croisement de routes pour s’offrir le plein de clémentines et surtout des délicieuses petites bananes.

Arrivés à Chimanimani, on prend aussitôt la direction des chutes de Bride Vlei Falls. Elles sont aussi un site idéal pour pique-piquer. En ce jour férié, on n’est pas les seuls à avoir la même idée et il y a même des courageux qui vont piquer une tête dans le bassin aux pieds des chutes et prendre une douche gratis carrément sous les chutes.

On prend ensuite la route pour le parc de Chimanimani. Comme toutes les routes de montagnes, elle est tortueuse à souhait. Et en plus, parfois, le goudron se trouve fortement dégradé par les camions de transports de bois de l’industrie forestière. Puis nous prenons une piste rocailleuse pendant quelques kilomètres pour arriver au joli campsite du parc, au pied des imposantes montagnes.

Les montagnes sont cultivées et habitées, sculptant ainsi de très beaux paysages Une belle route de montagne, sinueuse à souhait, bordée de sapins
Les montagnes sont cultivées et habitées, sculptant ainsi de très beaux paysages Une belle route de montagne, sinueuse à souhait, bordée de sapins
Bridal Veil Falls, les jolies chutes du voile de la mariée L'imposant massif montagneux se découvre enfin
Bridal Veil Falls, les jolies chutes du voile de la mariée L'imposant massif montagneux se découvre enfin

Non seulement on est particulièrement bien accueillis par la jeune femme ranger et sa famille mais en plus on a enfin une douche chaude !

 

Lundi 25 mai 

Chimanimani NP – Vumba Mountains : 200 km

Pendant que je reste un peu au lit pour dormir, David est parti à l'assaut de la montagne derrière nous histoire de voir. Emporté par son élan, il arrive mine de rien à mi-hauteur. Mais comme on n'a pas la journée devant nous, il fait demi-tour. On prend quand même notre temps pour le lever et s'imprégner de la sérénité des lieux. Comme la dame, sa petite fille et son mari sont particulièrement gentils on discute avec eux et on leur laisse un de mes manteaux amenés pour l’occasion, elle est super contente et sa fille aussi. Elle n’est pas scolarisée car l’école est très loin. Sa fille ainée elle est restée sur Masvingo, à côté de Great Zimbabwe dont elle est originaire.

Avant de redescendre dans la vallée, on part se ballader à Tessa Pools, sur les conseils des Sud Afs rencontrés à Gonarezhou. Le sentier aménagé descend doucement vers de petites chutes qui tombent dans un très joli bassin aux eaux cristallines. La végétation aux alentours est luxuriante et les palmiers élancés au tronc particulièrement fin donnent une touche d'élégance à ce décor très esthétique. Le bassin s'épanche en torrent très tranquille. Ce doit être un endroit exquis de fraicheur quand les températures culminent. Après cette ballade des plus sympathiques  nous retournons sur Chimanimani pour prendre la piste de Cashel.

Avec d'aussi beaux panoramas, on comprend pourquoi ce parc est réputé pour ses randonnées L'eau qui descend directement des montagnes est d'une pureté cristalline
Avec d'aussi beaux panoramas, on comprend pourquoi ce parc est réputé pour ses randonnées L'eau qui descend directement des montagnes est d'une pureté cristalline

Au début, la piste est assez facile mais au fur et à mesure qu'on avance, elle se révèle de moins en moins roulante. Ce n'est pas grave car ça nous laisse le temps d'admirer et de savourer les très beaux paysages dans lequel nous évoluons. Avec les massives montagnes en fond de tableau et les cases et les maisons des villageois et leurs terres cultivées, les panoramas qui défilent sous nos yeux sont superbes. Comme à chaque fois depuis notre entrée dans le pays, les habitants et les passants que nous croisons nous accueillent et nous saluent toujours aussi chaleureusement. J'avoue qu'avec la très mauvaise réputation du Zimbabwe et de ses autorités à l'étranger, on ne s'attendait pas du tout à autant de gentillesse et de chaleur humaine. Cela démontre une fois de plus que les gens du peuple et les gouvernants ne sont pas à mettre dans le même panier. Peu à peu, les habitations se raréfient jusqu’à presque disparaître totalement. On n'avance pas bien vite mais peu importe, c'est tellement beau ! On se sent tellement privilégiés de faire parti intégrante, même pour un court instant, de tels décors. Puis, en se rapprochant de Cashel, on croise de nouveau un peu plus de monde et les forêts cultivées font aussi leur apparition. Comme il y a de l’eau, les cultures sont possibles et donc le coin est plutôt peuplé. On arrive à Cashel au bout de 4 heures, pour faire 65 km ! Et même si on a fait une pause déjeuner au milieu, ça donne une idée du type de piste.

Au pied des montagnes, une vallée fertile abrite les habitants La piste qui mène à Cashel offre de nombreux points de vue absolument bluffants
Au pied des montagnes, une vallée fertile abrite les habitants La piste qui mène à Cashel offre de nombreux points de vue absolument bluffants
La période des récoltes ajoute de beaux effets graphiques à ces paysages de campagne Maintenant, il n'y a plus que la nature et nous
La période des récoltes ajoute de beaux effets graphiques à ces paysages de campagne Maintenant, il n'y a plus que la nature et nous

On retrouve le goudron avec un certain contentement tout de même. Les paysages changent radicalement et on revoit des baobabs, quel contraste. On roule jusqu’à la ville de Mutare qui fait vraiment zone sinistrée, bien que très peuplée. Après ravitaillement en carburant, on part au cœur des Vumba Mountains. La région est quasiment entièrement consacrée aux plantations de sapins. Dommage car les paysages sur les vallées et collines alentours en patissent au moins sur le plan esthétique.

Nous arrivons à Léopard Rock Hôtel et son parcours de golf dans un cadre fabuleux. On s’offre une nuit avec diner et breakfast pour juste 200USD, après négociation. Cet extra qu'on s'autorise, est en fait le cadeau de David pour son anniversaire : un parcours de golf réputé parmi les plus beaux d'Afrique. Le style de l'établissement est so british et il règne une atmosphère très particulière, un brin surannée, presque nostalgique du temps passé des colonies. A quelque chose prés on se croirait plongés 60 ans en arrière. L’hôtel a dû être resplendissant à une époque mais on voit qu’il peine à maintenir son standing et c’est ça qui lui donne tout son charme. On a la chambre de la  princesse Margaret et comme les soirées sont fraiches à cette époque on nous montre les radiateurs … sauf qu'ils n'y a pas d'électricité pour les faire fonctionner ! Tout est dit. On prend l'apéro dans un des petits salons où brule un feu dans la cheminée. On prend la commande du menu et on nous appelle quand c’est prêt ! Un bon repas et pour une fois pas de lit à faire pour aller se coucher, ça fait du bien de se faire chouchouter.

 

Mardi 26 mai 

Vumba Mountains – Nyanga NP (Mtarazi Falls) : 118 km

Sous un soleil radieux, David attaque son parcours de golf. Il s’en donne à cœur joie sur ce magnifique parcours qui est également technique. Je l’accompagne pour profiter du cadre et des panoramas sur les Vumba mountains. Chaque trou est très architecturé, avec une végétation très recherchée et souvent de magnifiques fleurs comme ces aloes arborescents aux inflorescences flamboyantes. Malgré un léger passage à vide, David s’en sort très bien pour une première fois. Il s’est régalé et c’est tant mieux car c’était le but du jeu. Pour profiter encore un peu du cadre somptueux, on déjeune au club-house puis, on reprend la route.

Un singe Samango se réchauffe aux premiers rayons du soleil Nous dormons dans la suite qui a accueilli en son temps la princesse Margaret
Un singe Samango se réchauffe aux premiers rayons du soleil Nous dormons dans la suite qui a accueilli en son temps la princesse Margaret
Outre la beauté du parcours, le golf révèle de superbes vues sur les Vumba Mountains David peut enfin profiter de son cadeau d'anniversaire, un parcours sur un des plus beaux golfs
Outre la beauté du parcours, le golf révèle de superbes vues sur les Vumba Mountains David peut enfin profiter de son cadeau d'anniversaire, un parcours sur un des plus beaux golfs
Le golf de Leopard Rock est réputé parmi les joueurs avertis Le golf de Leopard Rock est aussi technique que beau
Le golf de Leopard Rock est réputé parmi les joueurs avertis Le golf de Leopard Rock est aussi technique que beau

Comme on a ajouté l’étape dans la forêt de Chariza qui n’était pas prévue au programme, je dois supprimer une nuit dans les montagnes. On décide finalement que ce sera juste une nuit dans les Vumba Mountains pour consacrer plus de temps au parc de Nyanga qui semble offrir plus de possibilités. Du coup, on repart sur Mutare pour faire les courses de ravitaillement habituel. Une dame blanche dans une station service nous interpelle et visiblement très émue, nous remercie vivement de venir visiter le Zimbabwe et en particulier cette région. Cette manifestation de bienvenue, très inhabituelle, nous touche beaucoup et nous conforte dans notre décision de venir visiter des pays mis au ban de la société internationale, comme on l'avait fait pour la Libye ou l'Angola. Leurs habitants payent déjà tellement cher l'irresponsabilité de leurs dirigeants, qu'on ne va pas en rajouter en les ostracisant nous aussi. C’est vrai que par endroit, Mutare ressemble vraiment à une zone sinistrée. Le pays a tellement mauvaise réputation que peu de touristes y viennent et c'est fort dommage car nous, on est conquis et sait déjà qu'on va revenir !

On prend ensuite la route vers le nord, direction Nyanga NP. On change pour une piste qui traverse des kilomètres de plantations de pins : on est loin des paysages naturels qu’on espérait. La fin de journée arrive à grands pas mais on n’est pas encore arrivés à destination. On continue dans la pénombre qui s'accentue.

A notre grande surprise, la majorité des montagnes est consacrée à l'exploitation forestière

A notre grande surprise, la majorité des montagnes est consacrée à l'exploitation forestière

Finalement il n’y a personne au lodge qui est censé géré le camping où on veut aller, ni à la gate plus loin, ni au camping d’ailleurs. Même un peu après notre arrivée, toujours personne. Il fait nuit et on n’a pas d’autres options donc on restera là. On est quand même assez isolés et il n’y a personne donc on passe une soirée pas trop tranquille car on ne sait jamais.  Surtout qu’on entend pas très loin musique et voix de plusieurs personnes qui semblent bien profiter de la soirée. Mais finalement, plus tard, la musique et les voix s’atténuent jusqu’à disparaître complètement et on peut dormir paisiblement.

 

Mercredi 27 mai 

Nyanga NP (Mtarazi Falls) – Honde Valley (Aberfoley Lodge) : 164 km

On pensait avoir de la visite ce matin mais personne ne vient nous voir, on s’arrêtera tout à l’heure au lodge. Mais avant, on part en ballade pour voir les chutes de Mtarazi, les plus hautes du pays et les secondes du continent avec ses 762 mètres de haut !!! Le sentier qui par moment longe le promontoire rocheux nous mène facilement jusqu’au viewpoint sur les chutes. On se rend compte de la hauteur des apics et c’est très très impressionnant. On peut voir quasiment la totalité des chutes et les immenses falaises qu'elles dévalent. En plus de ce beau spectacle, en un seul coup d'oeil, on embrasse la fabuleuse vue sur le reste de la vallée, plusieurs centaines de mètres sous nos pieds. La vue est à couper le souffle et on est vraiment content d'avoir fait le détour jusqu'ici. Une fois revenu au parking, on est bien content de retrouver la voiture intacte car ce serait facile vu notre isolement de tenter quelque chose. On enchaine ensuite avec la piste des points de vue, avec arrêt à Honde Viewpoint. Mais le temps est un peu brumeux donc on ne voit pas bien la vallée. C'est quand même très beau et il règne un parfum de mystère avec ces brumes qui s'évaporent peu à peu sous l'effet du soleil. Ensuite, c'est au tour du viewpoint suivant : celui des Pungwe Falls, La vue est très sympa et nous donne envie de voir de plus près. On quitte les forêts de pins pour entrer dans Nyanga NP. La piste s’enfonce dans les montagnes pour redescendre vers Pungwe Falls : très bucolique et très joli.

Les hallucinantes Mtarazi Falls chutent d'une hauteur de 762 mètres ! La vallée de Pungwe, comme une brèche dans la montagne
Les hallucinantes Mtarazi Falls chutent d'une hauteur de 762 mètres ! La vallée de Pungwe, comme une brèche dans la montagne
Manifestement, cette piste n'est pas des plus fréquentée La jolie rivière de Pungwe et ses eaux cristallines
Manifestement, cette piste n'est pas des plus fréquentée La jolie rivière de Pungwe et ses eaux cristallines

Même si la piste n’est pas en très bon état, elle semble quand même entretenue donc on décide de continuer pour aller près du Mont Inyangani, le point culminant du Zimbabwe. Mais en avançant, on aperçoit au loin de gros nuages bizarres, cela ressemble à de la fumée épaisse : il doit y avoir un gros incendie par là, et c’est dans notre direction. Du coup, on progresse de colline en colline et à chaque fois on vérifie que la situation ne dégénère pas. On traverse une sorte de grand plateau vallonné avec de jolies fougères arborescentes qui semblent quand même souffrir de la soif ou d’un trop plein de soleil. Même si on s’approche de l’incendie, on semble le contourner ce qui nous rassure pour continuer. Finalement on passe à côté, ce qui nous permet de prendre des repères pour pouvoir le signaler car il mange quand même plusieurs montagnes et il ne faudrait pas qu’il s’étende encore plus. On s’approche du mont Inyangani et des imposantes montagnes alentours. Très jolis paysages avec en surprise un couple de koudous et 2 gazelles qui détalent à plusieurs centaines de mètres de notre passage. Après le mont le plus élevé du pays, on rejoint la piste principale qui repart finalement dans les forêts de pins, ce qui ne fait pas très naturel. Arrivée sur Mare Dam assez décevant car il y a des pins partout et la plupart d'entre eux semblent malades. Etant à la recherche d'un coin de pique-nique abrité, on fait un détour jusqu’au fort vraiment en ruines. On y déjeune mais il fait froid et le ciel est embrumé, probablement les fumées de notre incendie y sont pour quelque chose. Tout ça donne une impression de désolation accentuée par la présence de bâtiments plus ou moins abandonnés. A la sortie du parc, on informe sur la position de l’incendie, il semble qu’ils soient déjà au courant par leur système de surveillance par tour, et un camion a été envoyé sur les lieux.

On surveille avec une appréhension certaine, la progression des feux de brousse Des fougères arborescentes révèlent l'existence sporadique d'un cours d'eau
On surveille avec une appréhension certaine, la progression des feux de brousse Des fougères arborescentes révèlent l'existence sporadique d'un cours d'eau
La piste se déroule sur les crêtes d'une montagne Notre valeureux Totoy devant le mont Nyangani, point culminant du Zimbabwe
Manifestement, cette piste n'est pas des plus fréquentée Notre valeureux Totoy devant le mont Nyangani, point culminant du Zimbabwe

C'est encore le milieu de journée et on remonte Honda Valley. Toute la première partie est saisissante de beauté avec les cases et les cultures surtout de bananiers en flanc de montagnes. Il y a du monde absolument partout. On repère aussi les chutes de Mtarazi où on était ce matin et d'en bas on voit bien les cascades. Les paysages évoluent au fur et à mesure qu’on descend et sont toujours très beaux à voir. Beaucoup de monde sur la route, et beaucoup d’enfants et de jeunes qui terminent l’école et rentrent chez eux à pied. Tellement de sourires et de cris, énormément de monde à saluer ! Comme la vallée suit le cours de la rivière Pungwe, beaucoup de cultures probablement irriguées bénéficient de la présence de l'eau en abondance. Et qui dit cultures dit forcément cultivateurs et habitants. Puis les habitations et les champs se raréfient, mais c’est toujours aussi beau. La route quitte la rivière et grimpe dans les montagnes pour changer encore de paysages. De magnifiques plantations de thé déroulent un tapis au vert tendre sur toutes les collines autour de nous. En cette fin de journée, avec la lumière rasante du soleil et les brumes qui s’élèvent dans les montagnes, c'est superbe.

Partout, de jolies cases au toit de chaume entourées de diverses cultures La luxuriante et très fertile vallée de Honde
Partout, de jolies cases au toit de chaume entourées de diverses cultures La luxuriante et très fertile vallée de Honde
En s'élevant dans les montagnes, nous atteignons les plantations de thé Tout tourne autour du thé, même ce lac de barrage
En s'élevant dans les montagnes, nous atteignons les plantations de thé Tout tourne autour du thé, même ce lac de barrage

La route se transforme en piste et on arrive juste quand la nuit tombe à notre camping. Il va falloir patienter encore un peu pour s'installer car le camping n'est pas au lodge. On doit rebrousser chemin et parcourir quelques kilomètres sur la piste. On va squatter la pelouse d’une maison à louer, mais ça nous va très bien car on a tout le confort ou presque. Il n’y a pas de douches que des baignoires, mais en tout cas de l'eau bien chaude.

 

Jeudi 28 mai 

Honde Valley Aberfoley Lodge – Troutbeck Resort : 121 km

Passer la nuit au cœur de la plantation de thé est une excellente idée, mis à part que nous n'avions pas pensé à un détail qui a son importance. Le thé est récolté à la fraiche et les travailleurs sont acheminés dans les champs très tôt. Nous avons donc été réveillés alors qu'il faisait encore nuit par le ballet incessant des camions transportant les ramasseurs de thé. Nous au moins, on n'a pas eu à travailler et on a pu se rendormir quelques heures de plus. Comme à chaque fois qu'on en a l'occasion, on profite de notre emplacement avec une belle vue sur une partie de la plantation et du confort de bonnes installations sanitaires pour faire trainer notre petit-déjeuner. Nous retournons au lodge pour essayer d'organiser la visite guidée de la fabrique de thé voisine la Wamba Factory. Après quelques difficultés, on y parvient et rendez-vous nous est donné à la fabrique.

Une jeune femme nous explique tout le processus de fabrication. Cela commence d'abord par le séchage et la fermentation qui dure entre 16 et 20 heures suivant la saison et le degré d'humidité. Puis se déroule le reste du processus qui comprend fermentation, tri et mise en sac. Actuellement, il n'y a pas trop d'activité, seules deux lignes de production sur trois sont actives. En fait c'est en saison humide que cela tourne à plein régime. Entre le moment où les feuilles arrivent, et celui où le thé est mis dans les sacs, il s'écoule juste 2 jours. Pour chauffer, ils utilisent du charbon qui viennent des mines de Hwange par où nous sommes passés en arrivant. Le charbon est acheminé par train en traversant tout le pays. Pour la commercialisation, des échantillons de thé sont envoyés à Londres. Si cela leur convient, c'est tout le lot qui sera exporté. Nous ne sommes pas vraiment amateurs de thé, juste des consommateurs occasionnels, mais cette visite est particulièrement intéressante pour se rendre compte de tout le travail et du savoir-faire qu'il faut déployer pour mettre au point un thé de qualité.

A perte de vue, ce petit arbuste aux feuilles très recherchées De toutes les montagnes environnantes, les précieuses cargaisons de thé arrivent par remorques entières
A perte de vue, ce petit arbuste aux feuilles très recherchées De toutes les montagnes environnantes, les précieuses cargaisons de thé arrivent par remorques entières
Le taux de séchage des jeunes pousses du thé est très controllé Le changement de couleur est dû à l'oxydation des feuilles de thé
Le taux de séchage des jeunes pousses du thé est très controllé Le changement de couleur est dû à l'oxydation des feuilles de thé

La visite terminée on reprend la route en sens inverse car c'est un cul de sac. On traverse de nouveau les plantations de thé mais personne en train de ramasser. Bizarre car on a quand même vu des tracteurs chargés de feuilles de thé arriver à l’usine ! Puis on se retrouve dans la vallée à longer la rivière Honde. Les paysages ne rendent pas autant leur beauté dans la lumière écrasante de pleine journée, mais c’est tout de même un grand plaisir. A cette heure là, pas de sortie d’écoles donc on va plus vite.

La vallée de Honde, et ses paysages agricoles incroyables, mérite assurément le détour

La vallée de Honde, et ses paysages agricoles incroyables, mérite assurément le détour

On se retrouve en tout début d’après midi au Troutbeck Resort. On pensait qu’ils faisaient camping mais pas du tout. On n'a pas vraiment de plan B dans le coin et en plus j'ai une urgence au boulot qui nécessite internet. On se résout à prendre une chambre dans cet établissement standing. Pendant que je vais travailler, David va faire un neuf trous, au moins il n’aura pas tout perdu. L’hôtel a du cachet, sa cheminée principale est réputée tourner en continu depuis sa création, mais cela n’est pas comparable au cadre, ni au charme dégagé par le Léopard Rock. On est a plus de 2000 mètres et à cette altitude, la fraicheur et même le froid, succède très vite à la chaleur de la journée quand la nuit tombe. Au moins, on ne passera pas la soirée autour du feu à tenter de se réchauffer.

 

Vendredi 29 mai 

Troutbeck Resort – Chinhoyi Caves Campsite : 418 km

C’était peut-être pas une mauvaise idée de dormir à l’hôtel cette nuit car ce matin, au lever, on a la surprise de voir que la pelouse devant nous a gelé : c’est tout blanc ! Par moment le lac fume, on a du mal à croire qu’on est en Afrique.

Gelée blanche, sapins, volutes de vapeur sur le lac et pourtant on est bien en Afrique ! Le salon, à l'ambiance so british
Gelée blanche, sapins, volutes de vapeur sur le lac et pourtant on est bien en Afrique ! Le salon, à l'ambiance so british

Après un bon breakfast, nous prenons la piste pour World’s View. A cette altitude, ce sont essentiellement des plantations de sapins qui sont exploitées. Nous avons de la chance car le ciel est limpide ce matin. Cela nous permet d'apprécier à sa juste valeur la visite de World's View qui nous donne un panorama assez incroyable sur quasiment tout le nord du Zimbabwe. En plus, l’endroit est particulièrement bien entretenu avec un joli jardin botanique aménagé dans lequel nous prenons plaisir à nous promener.

World's View offre une vue spectaculaire sur toute la région Son altitude plutôt élevée a privilégié la culture des forêts
World's View offre une vue spectaculaire sur toute la région Son altitude plutôt élevée a privilégié la culture des forêts

Nous repartons ensuite pour une grosse journée de transition car nous allons traverser tout le pays en passant par sa capitale, Harare. La route à péage traverse de grandes étendues, en général consacrées aux cultures. Peu avant la capitale, on trouve un centre commercial flambant neuf avec un grand Pick’nPay parfait pour faire le ravitaillement en produits frais et en viande.

On traverse la capitale par sa « rocade », assez facilement. Puis on se retrouve sur l’autre grande route qui mène à la Zambie. Du coup, on est confrontés à pas mal de camions ce qui alourdit quelque peu la circulation. Entre Harare et Mana Pools, il n'y a pas beaucoup d’adresses pour s’arrêter. On prend l’option Chinhoyi Caves car c’est un parc national et il y a un camping. Comme souvent, on est les seuls clients. Les sanitaires ne sont pas en super état mais on arrive à en trouvera un avec de l’eau chaude et même l’électricité alors on n’est pas à plaindre. Notre soirée est « bercée » par le bruit des camions qui passent, heureusement au fur et à mesure que la nuit avance, le trafic se calme sérieusement.

Samedi 30 mai 

Chinhoyi Caves Campsite – Mana Pools NP (Nyamepi 17) : 268 km

Avant de partir, nous visitons les grottes de Chinhoyi. Leur particularité, ce sont les piscines naturelles qu'elles abritent. Les bassins aux eaux cristallines sont impressionnants à voir dans ces cavernes. Quand le soleil donne directement dessus, les couleurs reflétées doivent être incroyables.

 C'est étonnant d'avoir une eau aussi limpide et d'un bleu aussi profond

C'est étonnant d'avoir une eau aussi limpide et d'un bleu aussi profond

Après cette sympathique ballade matinale, nous prenons la route pour Mana Pools avec arrêt à Karoi pour notre dernier ravitaillement en carburant. D’une région rurale avec une agriculture riche, on passe peu à peu à des paysages de plus en plus naturels avec de la savane arborée puis carrément de la forêt. Le relief lui aussi s’accentue au fur et à mesure qu’on avance vers le Zambeze Escarpement.  La route en devient délicate car beaucoup de camions partent vers la Zambie et avec les montées et les descentes de la route tortueuse cela réserve pas mal de surprises.

Nous nous arrêtons à l’office de Maronga pour récupérer les permis puis nous entamons la longue descente de l’escarpement, impressionnant. On quitte la route pour une piste, on passe la gate d'entrée du parc et on découvre ensuite une horrible tôle ondulée. Impossible d’avancer car avec nos dernières péripéties de support d’amortisseur qui casse et qui entraine avec lui le système de freinage, on ne veut pas tenter le diable. Du coup on atteint même pas les 20km/h. Horrible mais on n’a pas vraiment le choix.

On pique-nique sur le bord de la piste. On ne voit pas d’animaux, dommage car ça nous ferait passer le temps plus vite. On passe une nouvelle gate. A partir de là, la piste s’améliore nettement et on peut rouler à des allures plus raisonnables.

En haut de l'escarpement, nous pouvons voir la piste qui mène à Mana Pools Ce superbe baobab a été heureusement épargné lors de la construction de la piste
En haut de l'escarpement, nous pouvons voir la piste qui mène à Mana Pools Ce superbe baobab a été heureusement épargné lors de la construction de la piste

En arrivant sur Nyamepi, on commence à voir des animaux mais sans plus. A l’office, difficile de se faire comprendre en plus c'est le week-end donc le bureau des réservations n'est pas joignable. Manifestement ils n'ont pas trop envie de batailler mais en insistant on arrive à avoir des infos supplémentaires sur les campsites exclusifs qu’on pourrait prendre. Mais comme il se fait tard, on se rabat sur Nyamepi, avec un très joli campsite prés des eaux de notre cher Zambèze. Impalas, mais aussi baboins ne sont pas bien loin. Hippos et crocos eux, se réservent le Zambèze à nos pieds. Le coucher de soleil absolument superbe vient clore cette journée de la plus belle des façons. On est bien, mais on ne verra pas plus d’animaux car ici, ils ne peuvent pas venir boire, les berges étant trop abruptes.

Des clairières arborées avec des éléphants c'est de suite plus sympa Le bonheur de camper au bord du majestueux Zambèze
Des clairières arborées avec des éléphants c'est de suite plus sympa Le bonheur de camper au bord du majestueux Zambèze

 

Dimanche 31 mai 

Mana Pools NP (Nyamepi 17) – Mana Pools NP (Chitake 1) : 124 km

Le lever de soleil de ce matin est aussi magnifique que le coucher de soleil de la veille. On  profite au maximum des lieux pendant notre petit-déjeuner, alors que baboins et vervet monkeys font la tournée des campsites et nous mettent l’animation. Ces derniers sont intrépides et malgré notre vigilance accrue, ils parviennent à nous piquer une canette d’IceTea laissée sur la table alors que vraiment, on ne pensait pas que cela pourrait les intéresser. Mais ce n’est pas tout, l’un d'eux entre carrément dans la cellule de la voiture mais on s’en rend compte aussitôt et on arrive à le chasser. C’est bien la première fois qu’on a autant à batailler avec ces garnements de singes. On parvient malgré tout à se préparer et on lève enfin le camp. On fait la tournée des campsites pour choisir celui qui nous conviendrait pour ce soir. La plupart des pistes qui mènent au Zambèze sont des pistes qui mènent à des lodges ou a des campsites. C’est assez frustrant car en général, elles sont réservées à ceux qui ont réservé les campsites. On ne tient pas compte des interdictions car sinon, comment on fait pour choisir quand on ne connaît pas !On commence d'abord en partant le plus à l’est. Les pistes ne semblent pas être trop fréquentées et on a de temps en temps de petits gués à passer pour traverser des lagoons pas encore asséchés. La faune n'est pas très présente mais on croise un éléphant et quelques buffles en train de paître.

Pour une fois, c'est le jour naissant que nous admirons A Mana Pools, les singes sont très chapardeurs, même les canettes de boissons sucrées ne sont pas à l'abr
Pour une fois, c'est le jour naissant que nous admirons A Mana Pools, les singes sont très chapardeurs, même les canettes de boissons sucrées ne sont pas à l'abri
De l'autre côté du Zambèze, les montagnes du Lower Zambezi NP en Zambie Un peu comme à South Luangwa, des bras du fleuve forment des sortes de lagons
De l'autre côté du Zambèze, les montagnes du Lower Zambezi NP en Zambie Un peu comme à South Luangwa, des bras du fleuve forment des sortes de lagons

La piste devenant privée, nous faisons demi-tour pour redescendre vers l'ouest au fur et à mesure. On ne croise pas grand monde, que cela soit des humains ou des animaux. Mais on en profite pour examiner à chaque fois les emplacement des campsites privatifs pour savoir lesquels semblent le mieux.  Meilleure vue, présence d'ombre et possibilité de voir les animaux venir boire ou brouter sont nos critères principaux. Au final, ceux que l'on retient sont BBC et Mucheni où en plus on voit pas mal d’éléphants. Mais ceux–ci sont en majorité déjà occupés, donc on se fait peu d'illusion, on verra bien à l’office ce qu’ils en disent. Les abords du fleuve sont en général recouverts d'une savane arborée et parfois ce sont carrément des forêts de grands arbres qui se dressent devant nous. La végétation est plus ou moins dense mais toujours présente alors forcément, ce n'est pas évident de voir les animaux. De temps en temps des clairières font des percées dans cette brousse. Les rives elles-mêmes ne sont fréquentées que si elles permettent aux animaux d'aller boire facilement, soit par des passages dans les berges, soit par des sortes de plages découvertes par le niveau d'eau qui descend. De l'autre côté du Zambèze, des montagnes immenses, couvertes d'une forêt épaisse, nous rappellent que nous sommes au cœur d'une nature vraiment sauvage. En descendant un peu plus, la végétation s'éclaircit et devient plus aride. Les baobabs font leur retour. On pique-nique tout à fait à l’ouest à côté de Vundu en compagnie des hippos qui chantent la sérénade.

Les impalas sont venus boire en groupe De très colorés guépierds
Les impalas sont venus boire en groupe De très colorés guépierds
Les hippos snt bien les rois du fleuve A certains endroits, les vues sur les berges du Zambèze sont magnifiques
Les hippos snt bien les rois du fleuve A certains endroits, les vues sur les berges du Zambèze sont magnifiques
A l'est de Mana Pools, le climat semble plus aride On traverse une jolie forêt sèche
A l'est de Mana Pools, le climat semble plus aride On traverse une jolie forêt sèche

Comme on est arrivés quasiment à la limite du parc, on fait demi-tour et on retourne à l’office. Mais aujourd’hui, ils arrivent à connaître les réservations et tout Mucheni est complet ainsi que BBC. On s'y attendait un peu, ce n'est pas les meilleurs emplacements pour rien. Ils nous proposent New Ngundu mais ils ont aucune vue et un autre pas très intéressant. Pour 172 USD l'emplacement, on estime que ça ne vaut pas le coup! Par contre Chitake 1 est disponible mais que ce soir. Ils nous assurent que c’est le mieux et comme j’en ai beaucoup entendu parlé sur les forums sud-africains, on accepte mais c’est à 60km. Il faut donc y aller de suite et c’est complètement à l’intérieur donc pas dit qu’on revienne sur le Zambèze demain sachant que les meilleurs campsites sont déjà bookés et qu’il n’y a pas beaucoup de pistes à faire dans le parc. Pour l’instant, on n'en est pas là. On met une grosse heure pour arriver à Chitake où on inspecte chaque campsite car il n’y a pas de pistes pour le self-drive.

Le 3 est complètement fermé, dans les fourrés. Le 1 surplombe la rivière mais est complètement dans les fourrés également, bien que plus ouvert et dégagé que le 3. Mais la vue sur la rivière est très restreinte, il faut descendre à pied dans le lit pour espérer voir quelque chose. A 200 USD, c’est plutôt frustrant !

Le 2 quant à lui est totalement immergé dans le bush mais loin de la rivière donc finalement, le 1 est le meilleur. C’est bien ce que j’avais compris lors de mes préparatifs mais je n’osais pas espérer car il est très demandé. On poursuit la piste jusqu’à une très belle forêt de baobabs avec un magnifique point de vue sur les alentours. Mais on ne voit que très peu d’animaux à part des impalas et des baboins.

On retourne à la rivière asséchée mais sa particularité ce sont les sources constantes d'eau qui sont censées attirer toute la faune des environs. D'ailleurs, des éléphants sont tranquillement installés un peu plus loin que notre campsite, dans le lit de la rivière en train de boire.

On installe le camp, et on réfléchit au meilleur endroit pour positionner notre caméra espion qui on espère, piègera plein d'animaux cette nuit. On se sent quand même très frustrés de ne pas avoir de meilleur point d’observation depuis le campsite sur le lit de la rivière car c'est  là que tout doit se passer. Régulièrement, on descend dans le lit de la rivière pour voir qui il y a mais il faut faire attention car comme ce n’est pas dégagé, on ne voit pas ce qui peut arriver par les côtés. Les éléphants défilent aux trous d’eau sur notre droite qu’ils ont eux même creusés.

Une fois le soleil couché, un énorme troupeau de buffles débarque sur notre gauche, là où les sources délivrent un maigre filet d’eau et semblent s’y installer pour un moment. Peu à peu l’obscurité s’installe et c’est de plus en plus délicat d’aller au milieu du lit de la rivière pour voir. On se rapatrie au camp avec beaucoup de frustrations, même si on profite des bruits des animaux qui s’affairent. On voit quelques éléphants passer et quelques buffles qui vont surement rejoindre leurs congénères de l’autre côté, mais c’est tout. On devra s’en contenter. Heureusement, l'apéro habituel et un bon braai nous garantiront de toute façon une bonne soirée.

Poussés par l’envie et la curiosité, on s’enhardit à descendre dans le lit malgré la pénombre. En plus la lune s’est levée et elle est quasiment pleine donc ça tombe très bien car on y voit assez distinctement. Quelques éléphants passent de nouveau et l’un d’entre eux passe dans les broussailles juste à côté de nous. Mais comme ses autres collègues, il est cool et ne montre aucune nervosité en notre présence. On entend régulièrement de petits mugissements qui nous rappellent que les bufles sont toujours là.

La piste pour Chitake fend le bush Toutes les têtes se dressent dans notre direction

La piste pour Chitake fend le bush

Toutes les têtes se dressent dans notre direction

En haut la forêt de baobabs, en bas, le bush épais et dense Baobabs, éléphants, emblèmes de l'Afrique sauvage réunis

En haut la forêt de baobabs, en bas, le bush épais et dense

Baobabs, éléphants, emblèmes de l'Afrique sauvage réunis
Les éléphants creusent les lits asséchés de rivière pour trouver de l'eau La perspective de pouvoir enfin étancher sa soif échauffe les esprits

Les éléphants creusent les lits asséchés de rivière pour trouver de l'eau

On traverse une jolie forêt sèche

En cette fin de journée, les éléphants défilent pour s'abreuver

En saison sèche, les Chitake Springs sont les seules sources d'eau à des kilomètres

En cette fin de journée, les éléphants défilent pour s'abreuver

En saison sèche, les Chitake Springs sont les seules sources d'eau à des kilomètres

Tout à coup, pendant le repas, mouvement de panique dans le troupeau de buffles puis soudain on entend les rugissement rauques de fauves : pas de doute, les buffles essuient une attaque de lions. C’est le branle-bas de combat.  La bataille se déroule en plusieurs actes avec des cris, des mugissements, des beuglements, des piétinement de sabots, la tension est palpable. L'air est rempli de la poussière soulevée par le troupeau. C’est incroyable. Même les éléphants s'agitent, s’énervent, et barrissent. Puis tout à coup plus rien, calme plat, angoissant. Il se trame quelque chose. Et très vite, rebelote. De nouveau cavalcade effrénée, beuglements et rugissements et de nouveau le silence, lourd. On n'y tient plus, on descend dans le lit de la rivière. J'inspecte le lit de la rivière avec la torche, aucuns yeux luisants à l'horizon, la voie est libre. Tandis que je m’avance, alors que David reste en retrait, je surveille à gauche mais je ne vois plus rien, les buffles sont surement tous remontés sur le plateau qui surplombe la rivière en face. Et à droite, il semble que les éléphants restent attachés à leurs trous d’eau, quand David me lance un « Attention à gauche » je fais volte-face et sans réfléchir, je cours me réfugier vers le campsite, alors qu’un éléphant déboule sur ma gauche, en trompettant tout ce qu’il peut, la queue dressée, pour retrouver ses camarades sur la droite. Je ne sais pas qui a eu le plus peur des 2, mais j’ai eu une frayeur d’enfer !

Tout ça en quelques minutes d’une intensité redoutable. On passera le reste du repas et de la soirée à nous remettre de nos émotions et à essayer de deviner les mouvements des uns et des autres aux différents sons qu’on perçoit avec le bonheur d’entendre et ressentir dans ses tripes les rugissement retentissants des lions dont on ne saura pas s’ils ont été vainqueurs ce soir. Et puis, petit à petit, la situation se normalise, le troupeau s’éloigne tellement qu’on entend quasiment plus les bruits de sabots ou de beuglements, ont-ils perdu l’un des leurs ce soir ou on ils réussi à repousser l’attaque ?

Un dernier tour dans le lit de la rivière avant de se coucher et on ne voit plus que quelques éléphants restés aux trous. On ne sait pas et même si le reste de la nuit, on entendra régulièrement les lions rugir de nouveau, on ne saura pas si c’est de victoire ou de rage.

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