Zambie-Zimbabwe 3ème partie : Zimbabwe, le long du lac Kariba, ça se mérite ! puis retour à Livingstone en Zambie

Zambie-Zimbabwe 3ème partie : Zimbabwe, le long du lac Kariba, ça se mérite ! puis retour à Livingstone en Zambie

Zambie-Zimbabwe 3ème partie : Zimbabwe, le long du lac Kariba, ça se mérite ! puis retour à Livingstone

Du 1er au 8 juin 2015

Lac Kariba -> Matusadona NP -> Chizarira NP -> Hwange NP -> Livingstone

 
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Lundi 1er Juin 

Mana Pools NP (Chitake 1) – Lac Kariba (Gâche Gâche Lodge) : 233 km

Après une nuit aussi épique, le matin est étonnamment calme, quelques waterbucks et koudous viennent boire mais sans plus. Pas d‘éléphants non plus, tout le monde semble s’être évaporé. On prend la voiture pour monter sur le plateau en espérant voir les lions et qui sait les surprendre en train de se gaver de buffles mais rien de tout cela. Alors on quitte Chitake et aussi Mana Pools en reprenant la pénible tôle ondulée après la gate, jusqu’à la route. Une grosse heure est nécessaire pour en venir à bout. On est forcément très content de retrouver le goudron même s’il faut se recogner le passage de l’escarpement dans l’autre sens avec les camions qui peinent toujours autant sur cette route. Depuis notre passage il y a 2 jours, on remarque de nouvelles carcasses de camion accidentés carrément calcinés pour certains et d'autres en panne. C'est vraiment la route de la mort ici, il faut avoir l'oeil aux aguets et surveillés aussi bien la route devant que les rétroviseurs pour surprendre un éventuel camion fou privé de ses freins en descente.

On revient encore sur nos pas pour trouver la route qui part à Kariba. Elle méandre parmi les collines et montagnes couvertes de forêts. On finit par apercevoir le fameux lac qui porte le même nom que la ville. Il est tellement bleu qu’on se croirait en Grèce, mais tous les panoramas dans le coin sont enlaidis par les lignes électriques qui partent du barrage. On fait le tour dans la ville ou plutôt dans la grosse bourgade qui s’étale sur la côte du lac. On refait le plein de carburant et on cherche désespérément un supermarché pour faire le stock de produits frais (viandes, fruits et légumes) pour plusieurs jours. Mais on tourne en rond sans rien trouver si ce n’est un vieux panneau montrant qu’il y a eu un Spar ici avant. Cela confirme que la ville a connu des jours meilleurs et tombe un peu en décrépitude, comme le reste du pays malheureusement. C'est en tout cas l'impression qu'elle nous donne. A force de batailler, on déniche un TM dans un bled avant, en plus il est plutôt bien approvisionné même s’il ne faut pas être difficile au niveau viande !

Une fois les courses terminées, c'est déjà le milieu d’après-midi. On doit reprendre la route pour aller à notre campsite de ce soir. A peine sortis de la ville, on rencontre un éléphant en train de manger dans les broussailles du bas-côté. On est sur la route principale mais il bronche à peine, il doit être bien habitué à la présence humaine. C'est quand même assez incroyable comme sensation. La piste qu'on emprunte aprés, n’est pas la meilleure qu’on puisse espérer, elle est même plutôt pénible par endroit. Elle est souvent rocailleuse et grimpe dans les montagnes donc on n’avance pas vite. On est aussi un peu frustrés car on pensait pouvoir jouir de belles vues sur le lac Kariba mais cela n'arrive qu'à de très rares occasions. On est quand même récompensés de notre patience quand en arrivant à un pont, on surprend un petit groupe d'éléphants dans le lit de la rivière, en contrebas. Mais à part cette jolie surprise, pas vraiment de bons moments et on commence même à se préparer à rouler de nuit. Quasiment 3 heures sont nécessaires pour arriver enfin au campsite à la tombée de la nuit, soit 50 kilomètres ! A l’image du reste de la région, l’établissement a connu des jours meilleurs mais essaie de se maintenir à flot. Quant au campsite, il est plutôt abandonné mais on nous ouvre un chalet pour avoir les sanitaires. Tout le monde fait le maximum d’efforts pour qu’on soit bien installé et ça c’est très sympa. Comme souvent, nous sommes les seuls clients, une habitude qu’on a vite prise.

Peut-être qu'on est tout simplement hors-saison car beaucoup de monde vient au lac Kariba et ses environs pour la pêche. D'ailleurs beaucoup de locations se font sur les fameux house-boat, des bateaux flottants possédant tout le confort qu'on peut espérer, tout en restant au coeur de l'action. Soirée dans le calme, les hippos restent discrets.

 

Mardi 2 Juin 

Lac Kariba (Gache Gache Lodge) – Matusadona NP (Tashinga) : 234 km

Aujourd'hui, une grosse journée de route nous attend. Pas temps en kilomètres mais plutôt en qualité si on peut dire. On devrait affronter les pires pistes du pays si on en croit les différents témoignages alors on se conditionne pour les prochaines heures à venir.

On quitte le Gache Gache Lodge par une petite piste du même acabit que celle de la veille. On a l’impression d’être seuls au monde, perdus dans ces montagnes couvertes de forêt. On finit par rejoindre une plus grosse piste qui traverse une vallée habitée et cultivée, avec de très jolis hameaux. On achète les délicieuses petites bananes à une paysanne, enchantée de faire des affaires avec nous.

Il y a un peu de monde un peu partout avec des champs cultivés, des bananiers, des papayers, parfois des manguiers, c’est très agréable. Au bout d’un long moment, on rejoint la piste principale Karoi – Binga. Elle est plus large mais pas aussi bonne qu’on pourrait l’espérer. C’est un mix de tôle ondulée couverture par moment de gros gravier épais assez traitre, avec de très nombreux passages de rivières et donc à chaque fois, le risque que la piste soit endommagée et donc encore un peu plus pénible. Mais c’est toujours meilleur que de la piste de montagne et David en profite pour avancer au maximum.

On pique nique sous un bel arbre, au croisement où on doit prendre la piste pour le parc de Matusadona. On enchaine avec la piste qui est assez roulante au début. On voit même un bus qui roule à un bon rythme ce qui nous fait espérer que les conditions s'améliorent peut-être. Puis on va se reporter à l’office du parc qui est sur une autre piste à droite. Ils sont très heureux de nous voir car il n'y a pas grand monde qui passe ici. On leur parle du bus et ils nous disent que la piste continue vers d'autres villages. Pour aller dans le parc, on doit emprunter une autre piste jusqu’à la prochaine gate en prenant à droite. Notre espoir est vite confronté à la dure réalité. Très rapidement les conditions se détériorent et on a un aperçu de ce qui nous attend les 3 ou 4 prochaines heures.

La piste est vraiment très mauvaise avec par moment des passages délicats pour nous qui avons beaucoup de ballant à cause du poids et de la hauteur de la cellule dans laquelle on vit. Parfois les mauvais passages s’enchaînent sur la durée et on commence à sérieusement se demander qu’est-ce qu’on est venu faire ici. En plus on subit les attaques en règle des mouches tse-tse  particulièrement voraces et agressives. Elles font très mal quand elle piquent sans parler de la maladie du sommeil qu’elles peuvent transmettre. En plus, on dirait qu'elles prennent un malin plaisir à jouer à cache-cache en se réfugiant à l'arrière de la cellule et en réapparaissant quand on s'y attend le moins. J'essaie de les combattre tant bien que mal mais elles sont vraiment très résistantes, même en tapant très fort, bref, elles me rendent complètement dingue !

Au bout de presque 2 heures de ce régime, à se faire ballotter dans tous les sens, on arrive à une autre gate. A partir de là, la piste s’améliore un peu. Heureusement car David me refait le coup de la panne de freins ! Ce coup ci, c’est à cause du tuyau réparé et réajusté les autres fois qui a rendu l’âme, en se cisaillant. C'est moins grave car le support d'amortisseurs est intact, mais on n'a pas de freins quand même !

Le soleil va bientôt se coucher, on est assailli par les mouches tse-tse, la piste est merdique et en plus on n’a plus de freins, ça commence vraiment à faire beaucoup là !

Mais on continue comme on peut, en se battant comme tant bien que mal aussi pour les mouches.  Heureusement pour nous, plus on s’approche du lac, meilleure est la piste donc ça nous permet d’être plus dans le rythme ce soir. Autant dire qu'on est vraiment très très contents d'arriver au camp alors que la nuit n'est pas complètement tombée. L'obscurité est forte mais  on y voit encore un peu. On est tout seuls et on s’installe comme on peut pour trouver l’emplacement le plus approprié et le plus intéressant. La soirée est très calme et ça nous permet de décompresser même si on aurait préféré être divertis par la présence d'animaux.

 

Mercredi 3 Juin 

Matusadona NP (Tashinga) - Matusadona NP (Tashinga) – 40 km

Dans la nuit, le vent s'est un peu levé, attisant les braises des feux allumés par les rangers pour éliminer les hautes herbes. C'est ainsi que dans un demi-sommeil, je m'aperçois que l'arbre voisin est littéralement en feu ! Je réveille David en vitesse car il faut bouger la voiture sinon elle aussi va prendre feu ! Finalement, les insomnies, c'est pas toujours mauvais.

Par la force des choses, c’est repos forcé ce matin, ce qui n’est pas pour nous déplaire pour nous remettre doucement des kilomètres de pistes infernales et de notre nuit agitée. On se lève tranquillement, seuls quelques impalas sont de la partie. David a fort à faire. D’abord réparer le freinage en remplaçant le tuyau défectueux par un nouveau et aussi voir ce qui ne va pas avec la batterie secondaire qui dessert le frigo, les lumières et les autres ustensiles.  Cela implique de démonter l’espèce de caisse dans laquelle elle est placée sous le châssis et à chaque fois, c'est galère ! De mon côté, j’ai moi aussi pas mal de travail à accomplir, notamment à rattraper mon retard au niveau des notes de voyage. On est quand même assez déçus de ne pas avoir plus d’animaux en notre compagnie après tout le mal qu'on s'est donné.

Et puis, un éléphant arrive et s’installe dans le camp d'à côté qui est inoccupé. Il semble être attiré par les fruits d’un des arbres et s’en donne à cœur joie. Puis au bout d’un moment un second le rejoint et même un troisième. On passe la matinée à les observer, à surveiller leurs faits et gestes alors qu’un peu plus loin, d’autres éléphants viennent s’abreuver au bord du lac. Ce spectacle dure toute la matinée, pour notre plus grand bonheur. On observe leur petit manège, leurs attitudes les uns envers les autres à quelques mètres de nous à peine. C'est passionnant et merveilleux. Au bout d'un moment, l'un d'entre eux se dirige lentement mais sûrement droit vers nous. Bien qu'il a l'air tranquille, il est vraiment énorme et c'est très  impressionnant quand il arrive carrément à quelques pas de nous. Par mesure de précaution, je me réfugie dans la cellule tout en continuant à l'observer. Il est tout simplement curieux et vient observer d'un peu plus près ces étranges voisins que nous sommes. A chacun son tour d'examiner l'autre ! Avec tout ça, le temps passe finalement vite et fait que du coup on ne fait pas vraiment ce qu’on avait prévu … Enfin, surtout moi car heureusement David arrive à bout de tous nos problèmes mécaniques.

En début d’après-midi, un nouveau compère se joint à la partie. Il a des défenses énormes, elles touchent presque par terre quand le mastodonte marche, c’est magnifique de pouvoir voir un tel spectacle. Il est gigantesque et dégage une assurance et une puissance impressionnantes. C'est un grand mâle majestueux dans toute sa splendeur ! On se motive pour bouger un peu et comme par hasard, les éléphants font de même, aucun regret de ne pas rester ici.

On va explorer le Rhino drive pas loin. Mais de nouveau on se trouve confrontés aux mauvaises conditions de piste avec même 2 passages plus que délicats. En plus on ne voit rien comme animaux alors on rentre dépités au camp en ayant mis plus de 2 heures pour faire 30 km et pour rien voir en plus. On voulait rester une nuit de plus mais cette nouvelle expérience nous a bien refroidi, alors on décide de repartir demain matin.

On rentre de justesse au camp pour tout de même assister au superbe coucher de soleil sur le lac et ses arbres fantomatiques.  Dommage que les éléphants soient partis, ils auraient compléter ce beau tableau à merveille.

Une demi-heure plus tard, alors que l’obscurité s’est abattue, une voiture arrive et s’installe au camp semi-permanent, ils doivent être bien contents d’être enfin arrivés. Alors qu’on prend l’apéro, ses occupants viennent nous saluer. Ce sont les responsables de la lutte anti-braconnage. Ils rentrent de patrouille et semblent épuisés, avec les routes du parc on les comprend ! On discute un peu et eux vont se coucher tandis que nous profitons du superbe cadre de la soirée avec un ciel étoilé absolument magnifique.

 

Jeudi 4 Juin 

Matusadona NP (Tashinga) - Matusadona NP (Changachirere) – 89 km

On prend tout notre temps ce matin car on n'est pas très motivés à l'idée de reprendre la piste infernale pour repartir du parc. Alors on savoure notre petit déjeuner et on se relaxe un peu en profitant de notre beau panorama sur le lac Kariba. Nos voisins, viennent de nouveau nous rendre visite. Comme en témoigne le camp semi-permanent dans lequel ils sont installés, ce ne sont pas de simples touristes, au contraire. Il s'agit de 2 frères, qui ont décidé de donner une nouvelle vie au parc Matusadona. Leur première priorité, c'est d'éradiquer le fléau que constitue le braconnage. Ils ont constitué une équipe et se sont dotés de moyens matériels et humains pour lutter contre cette plaie qui ronge toute l'Afrique et en particulier le Zimbabwe. Ils nous expliquent qu'à leur arrivée, les braconniers abattaient en moyenne, un éléphant par jour, une véritable catastrophe. D'autant plus que le parc abrite de magnifiques tuskers, c'est ainsi qu'on appelle les grands mâles aux énormes défenses, comme on a pu en voir un la veille. Quand ils sont rentrés tard hier soir, ils rentraient justement de patrouille. Ils axent aussi leur combat sur la prévention en essayant d'impliquer les communautés locales pour re-développer le tourisme assurant ainsi un débouché pour les humains et pour les animaux, mais c'est forcément un travail de longue haleine. Bien que lancé depuis quelques années à peine, ils obtiennent déjà de beaux succès mais aucun relâchement n'est permis. D'ailleurs, ils doivent repartir tout à l'heure, mais en bateau cette fois-ci pour lutter contre le braconnage des pêcheurs illégaux en relevant leur filet à mailles trop fines qui écument les ressources en poisson du lac sans leur permettre de se renouveler. Beaucoup de problématiques complexes à résoudre dans un environnement peu propice. Il faut vraiment avoir la foi pour se lancer dans un tel combat.

Ils sont bien sûr intéressés de savoir comment on a atterri ici, car les touristes, surtout étrangers sont vraiment peu nombreux à venir ici. D'ailleurs ils nous assurent que cet été, la piste « infernale » sera refaite, c'est déjà un bon début ! Ils nous conseillent aussi d'aller à l'autre bout du parc où la faune est plus présente actuellement, en prenant la piste intérieure qui est convenable. Comme c'est une zone à fort risque de braconnage ils nous conseillent également de prévenir les postes de rangers de notre venue. Par cette discussion riche et amicale, nous sommes plus que requinqués que jamais, pour repartir explorer ce parc aussi intriguant que difficilement accessible. Nous les laissons rejoindre l'équipe de rangers avec qui ils vont patrouiller tandis que nous plions nous aussi notre camp. 

Après avoir prévenu les rangers de notre intention de rejoindre Changachirere et d'y rester camper, on explore un peu mieux notre coin de Tashinga. Quelques sympathiques panoramas sur le lac sont accessibles par de petites pistes, puis on rejoint la piste intérieure dont les 2 frères nous ont parlé. On s'enfonce dans un bush épais et dense qui laisse peu d'espoir pour apercevoir des animaux. Mais à un moment, la piste se trouve à quelques mètres d'un trou d'eau et le rideau de végétation plus clairsemé nous laisse apprécier furtivement un troupeau de buffles en train de boire. Nous rejoignons ensuite les rives du lac. Comme nos compères nous ont précisé, en cette saison le niveau d'eau a baissé. Du coup, les berges du lac se couvre d'une herbe bien verte que les animaux apprécient particulièrement. Les nombreux impalas que nous découvrons alors confirment. Nous évoluons dans une sorte de savane légèrement vallonée, longeant d'un côté le bush et de l'autre le lac et ses carcasses d'arbres rappelant son origine artificielle. Un peu partout les impalas broutent en troupeaux.

On arrive ensuite au poste de rangers où on signale notre arrivée. Il n'y a qu'un seul homme car ses collègues sont justement en patrouille car il y a eu des tirs il y a quelques jours à peine. Mais il nous assure que le coin est sous-contrôle. On peut rester camper à l'emplacement prévu juste à côté. Les installations ont été rénovées mais il n'y a pas d'eau car la pompe est en panne. Ils espèrent que tout sera réparé pour la saison prochaine. C'est bien dommage car le camping est très bien placé, avec une vue superbe sur un bras du lac et une sorte de péninsule en face. Comme on est auto-suffisant, on peut rester sans problème. On en profite d'ailleurs pour pique-niquer tranquillement en admirant la vue. On est très vite récompensé de notre choix. Sur la langue de terre en face de nous, des hippopotames vaquent sur les berges en quête de nourriture. Puis sur notre droite, un éléphant décide de traverser le bras de lac pour aller justement en face. Impressionnant de voir un mastodonte pareil quasiment immergé, utilisant sa trompe comme un tuba. Puis il sort de l'eau sur l'autre berge. Il se dirige droit vers les hippopotames. On se demande comment va se passer la confrontation mais ils s'ignorent cordialement, chacun allant de son côté. Décidément, l'herbe doit avoir un goût particulier de l'autre côté car quelques minutes après, un autre éléphant traverse lui aussi le bras de lac pour rejoindre son congénère. On a vraiment bien fait de pousser jusqu'ici !

La fin d'après-midi approchant, on décide de repartir faire un tour sur la piste qui longe le lac. Les impalas sont toujours là, mais cette fois-ci ils sont rejoints par des éléphants et même des zèbres effarouchés qui ne veulent pas se laisser approcher. Avec la lumière dorée de la fin de journée, l'herbe bien verte, le ciel bleu virant à l'ocre rougeoyant du soleil couchant et les silhouettes des éléphants qui se découpent sur l'horizon du lac, le spectacle est tout merveilleusement sublime. Un cadeau précieux de la nature sauvage que nous avons en plus le privilège rare d'apprécier totalement seuls. Nous rentrons à la nuit à notre campement, encore ébloui par ce pur moment de bonheur que nous venons de vivre.

 

Vendredi 5 Juin 

Matusadona NP (Changachirere) – Chizarira NP (MucheniGorge) – 227 km

Ce matin n'est pas aussi prolifique que l'après-midi d'hier sur le plan de la faune, mais on a quand même droit à la visite de quelques impalas. De toute façon, le paysage se suffit à lui même. Comme on a une grosse journée de mauvaises pistes qui nous attend et qu'on veut refaire un peu la superbe piste de la veille, on ne traine pas autant que d'habitude au petit-déjeuner. Nous repartons explorer le petit bout de péninsule qui nous a tant plu hier soir. Mais apparemment, les animaux ne sont pas du matin car ils sont peu nombreux à se montrer. C'est encore un de ces mystères dont la nature a le secret ! On a quand même la chance de voir quelques éléphants et des impalas à qui on dit aurevoir, en espérant revenir un jour prochain pour les admirer de nouveau.

On rebrousse chemin par la piste intermédiaire, puis on retrouve notre fameuse piste infernale. Ce coup-ci, on décide de rouler vitres fermées pour ne pas avoir à subir les attaques incessantes des mouches tse-tse. Je ne sais pas si c'est parce qu'on s'est bien conditionnés mentalement, mais la piste n'est pas aussi horrible qu'à l'aller même si elle reste bien pénible. A bout de plusieurs heures, on en vient enfin à bout et on sort du parc. On rebrousse chemin sur la piste des villages jusqu'à retrouver la piste principale Karoi-Binga.

Pour autant, nous ne sommes pas aubout de nos peines. La piste est bien plus large, mais très traitre avec un épais gravier qui la recouvre par moment et qui limite l'adhérence du véhicule. David doit beaucoup se concentrer sur la conduite pour éviter les pièges de la piste et tenir fermement le volant pour rester dans les trajectoires. Le moins qu'on puisse dire, c'est que le parc Matusadona se mérite ! Heureusement, nous traversons régulièrement de beaux paysages avec une forêt omniprésente et de belles montagnes aux reliefs plus ou moins prononcés, en décor. De temps en temps, on passe dans de petits villages ou des plaines de vallées cultivées. L'accueil des habitants n'est pas aussi chaleureux que ce qu'on a connu dans le reste du pays et on a même droit à quelques démonstrations limite agressives de gamins. Cela nous surprend quelque peu mais on se dit que cette piste doit être particulièrement « touristique » et cela entraine parfois ce genre de comportement.

Nous arrivons en fin d'après-midi à l'embranchement pour le parc de Chizarira. Nous faisons ce petit détour car nous savons que nous pourrons trouver un endroit pour camper puisque c'est un parc national. De toute façon il n'y a pas vraiment d'autres alternatives dans les environs. Mais ce parc est aussi très réputé pour ses paysages de gorges et canyons sur l'escarpement, raison de plus pour y aller. Nous quittons la plaine et ses hameaux de cultivateurs pour prendre la piste qui commence à s'enfoncer sérieusement dans la montagne. Heureusement pour nous, elle est plutôt bien entretenue, il y a même des parties cimentées ! Un vrai régal quand on arrive de Matusadona. Nous nous régalons des panoramas que nous découvrons sur la plaine en contrebas au fur et à mesure de notre avancée. Nous ne tardons pas à atteindre le sommet de l'escarpement. Contrairement à ce qu'on pensait, nous ne sommes pas les seuls à camper. L'emplacement que nous souhaitions avoir est déjà occupé et pour cause. Il offre un point de vue époustouflant et vertigineux sur la rivière Mucheni. Nous nous installons donc sur un emplacement voisin qui donne sur les impressionnantes gorges de Mucheni. Les parois ocres aux pentes abruptes abritent une forêt clairsemée. Aussi étonnant que cela puisse paraître, des sentiers d'animaux slaloment entre les arbres. Preuve s'il en est que des animaux arrivent à parcourir ces montagnes pour se nourrir ou peut-être descendre jusqu'à la rivière pour boire.

Le campsite est assorti d'un gros tas de bois qu'on ne se fait pas prier d'utiliser pour faire un bon feu et affronter la très fraiche soirée qui s'annonce par une telle altitude.

 

Samedi 6 Juin 

Chizarira NP (MucheniGorge) – Hwange NP (Ngweshla) – 349 km

Les rayons du soleil levant illuminent peu à peu la falaise en face de notre campement. Nous pouvons admirer les changements de couleur subtils qui se révèlent au fur et à mesure de notre petit-déjeuner. De temps à autre, des bruits surgissent des tréfonds de la gorge, essentiellement les cris des babouins qui se répondent les uns les autres. A regarder de plus prés les nombreux sentiers tracés par les déplacements des animaux sur la paroi d'en face, on se dit que le coin doit attirer de nombreuses bestioles et même des grosses. On se demande si elles passent par là pour se nourrir ou pour descendre jusqu'à la rivière en bas pour aller boire. Si c'est le cas, que d'efforts il faut fournir pour satisfaire ce besoin vital. On a du mal à imaginer les conditions de vie de toute cette faune.

Avant de repartir, on fait une nouvelle halte au fantastique point de vue sur cette même gorge Mucheni. Soir ou matin, le panorama sur la gorge et les plaines attenantes y est toujours aussi saisissant.

Nous quittons le parc et empruntons de nouveau la bonne piste qui nous ramène à la piste principale, bien moins bonne. Heureusement, on n'a pas beaucoup à rouler avant de retrouver le goudron, ah que ça fait du bien d'y rouler dessus ! Ca tombe bien car on doit faire un détour jusqu'à Binga, première « ville » du bord du lac Kariba où on peut faire le ravitaillement en carburant. On profite de cette halte forcée pour aller à la ferme aux crocodiles d'à côté pour y acheter quelques courses à sa boutique avec même un poulet congelé en prime, c'est la fête !

Enfin ravitaillés, nous reprenons avec délectation le goudron pour la suite de notre itinéraire. Au départ, nous avions prévu de passer la nuit à Mbilizi au bord du lac Kariba. Mais il n'y a pas l'air d'avoir de très bonne adresse pour camper et pour cette dernière nuit de voyage, on aimerait terminer en beauté. En un clin d'oeil, on se décide pour pousser jusqu'au parc de Hwange et tenter le campement spécial de Ngweschla. Là c'est sûr que c'est l'endroit idéal pour clôturer en beauté notre périple au Zimbabwe. On arrive en milieu d'après-midi à l'entrée principale. On a de la chance car Ngweshla est disponible mais ils nous disent qu'on n'a pas assez de temps pour nous y rendre. Devant notre grande déception et notre douce insistance, ils se laissent gentiment convaincre et nous laissent y partir, on est super contents, on ne pouvait espérer mieux.

Pendant la première partie de mauvaise piste de tôle ondulée, on roule au maximum de la vitesse autorisée, de toute façon, il n'y a aucun animal à voir. La situation s'améliore aux alentours du pan de Makwa, on ralentit alors le rythme et on se met en mode safari croisière. Il n'y a cependant pas grand monde, alors on pousse jusqu'à la vallée des Kennedys, du nom des deux points d'eau aménagés. Là c'est une toute autre histoire. Nous sommes en fin d'après midi et tous les animaux des alentours semblent s'être donnés rendez-vous pour aller boire à l'un de ces points d'eau. Des hautes herbes, on voit à peine dépasser la silhouette des zébres qui arrivent. Mais ce sont vraiment les éléphants qui sont les plus nombreux et qui s'en donnent à cœur joir. Entre boire, se rouler dans la boue, s'asperger de poussière et la joie de se retrouver entre congénères, l'animation ne manque pas. Pour couronner le tableau, des girafes viennent se greffer en fond de ce décor sauvage. On est vraiment heureux d'avoir pu se rendre ici. Mais il est bientôt 18 heures et on doit quitter les lieux. On continue en rejoignant le superbe pan de Ngweschla. Avec le soleil couchant, c'est magnifique. En plus, un gros troupeaux d'éléphants est en train de boire au trou d'eau, juste en face de notre camp, que demander de plus.

Nous sommes accueillis par le gardien, Vincent, un sacré personnage. Il est très heureux de nous voir et il est au petit soin avec nous, on ne s'attendait pas à ça. Le camp est nickel. Tout le confort de base est présent pour y passer plusieurs jours, il y a même une cuisine couverte. Nous savourons pleinement notre dernière nuit au cœur de cette vibrante nature sauvage d'Afrique australe, avec un ciel bardés d'étoiles plus brillantes les unes que les autres.

 

Dimanche 7 Juin 

Hwange NP (Ngweshla) – Livingstone : 277 km

La nuit s'est révélée bien plus calme que ce qu'on espérait, du moins de ce qu'on en a perçu. Peut-être le froid mordant y est pour quelque chose. On ne boude cependant pas notre plaisir de prendre notre petit-déjeuner dans un si beau cadre. On en profite pour commencer à ranger un peu Totoy et préparer nos affaires. Nous discutons aussi avec Vincent, un sacré personnage muni d'une bonne humeur et une joie de vivre très communicatives. Il aime vraiment son métier et il y met tout son cœur comme en témoignent les nombreuses touches personnelles d'aménagement et de décor apportées au camp. On lui laisse avec grand plaisir des affaires, une lampe avec des piles, très précieuses pour lui et la nourriture qu'il nous reste. Nous quittons le cœur serré cet endroit si spécial désormais à nos yeux et partons explorer les alentours. Peu à peu, avec la chaleur amenée par les rayons bienfaisants du soleil matinal, les animaux affluent vers l'immense pan. Autruches, koudous, zèbres, gnous, impalas, tous semblent s'être donnés rendez-vous à Ngweshla ! Il manque quelques gros chats qu'on aurait eu plaisir à voir mais on ne peut pas tout avoir. Nous repartons sur Kennedy, mais cette fois-ci, nous décidons de passer par la piste qui borde  la forêt. Cette espèce de vallée semble être le lieu de prédilection des éléphants car nous en rencontrons souvent. Certains ne sont pas très contents de nous voir et nous essuyons une charge plutôt appuyée d'une matriarche voulant protéger les petits de son groupe. Heureusement pour nous, ceux que nous trouvons à Kennedy 2 sont totalement indifférents à notre égard. Nous passons un bon moment à observer les différents groupes qui s'y côtoient pour s'abreuver. Les éléphants sont des animaux particulièrement expressifs, et c'est l'occasion idéale de pouvoir observer les attitudes de chacun envers ses congénères. Quand nous apercevons au loin trois grands mâles qui se dirigent droit vers le trou d'eau à travers les hautes herbes, l'intérêt monte d'un cran. Ya pas à dire, ce sont les rois incontestés de la savane et quand ils s'approchent de l'eau, tout le monde leur laisse la place sans broncher. Finalement, tout se passe en douceur ou presque. Nous poursuivons notre piste du retour jusqu'au trou d'eau de Makwa. Cette fois-ci, il y a plein d'animaux autour, limite carte postale avec pleins de koudous et même des girafes. Décidément, ce n'est jamais pareil. Nous devons quand même quitter ce petit éden et reprenons la mauvaise piste pour rejoindre le camp principal de Hwange.

Nous y faisons les formalités de sortie du parc et nous renseignons déjà sur les modalités  de réservations pour la prochaine fois car nous sommes convaincus plus que jamais de revenir à Hwange. Comme il est l'heure de manger et qu'il y a un resto, on en profite pour manger un morceau sans s'embêter. Il ne nous reste plus qu'à rouler jusqu'à la frontière et rejoindre Livingstone, si possible dans la soirée pour ne pas être trop bousculés dans le timing prévu. Alors que nous sortons à peine  de l'enceinte officielle du parc, nous apercevons un gros troupeau d'éléphants qui part s'abreuver à un trou d'eau tout proche. Bien sûr, on ne peut pas résister à un tel spectacle et on s'approche encore un peu plus. Et là on découvre d'autres troupeaux qui convergent vers le même endroit. Ils sont des dizaines et des dizaines, c'est à peine croyable. C'est vraiment sympas qu'ils soient venus aussi nombreux pour nous dire aurevoir ;-)

A la sortie du parc de Hwange, nous tombons sur des dizaines d'éléphants

A la sortie du parc de Hwange, nous tombons sur des dizaines d'éléphants

C'est d'autant plus dur de s'arracher à ce fabuleux endroit mais on a pas mal de route à faire encore. Heureusement, il n'y a que très peu de circulation et on arrive assez vite à la ville de Victoria Falls et le poste frontière du Zimbabwe. Les formalités de sortie sont faites bien plus rapidement que celles de l'entrée. Nous empruntons une fois de plus le pont de fer qui traverse le Zambèze, nous donnant ainsi une nouvelle occasion d'admirer le fabuleux spectacle des chutes Victoria. Nous passons sans problème le poste d'entrée en Zambie et allons directement au camping Waterfront pour y passer la nuit. On n'a pas envie de batailler pour cette soirée de veille de départ alors on prend l'option la plus commode. On arrive à temps pour se payer un verre au soleil couchant sur les chutes et on réserve notre repas de ce soir au restaurant. Ca nous laisse un peu de temps pour terminer de préparer nos affaires pour le retour et commencer à se réhabituer à l'idée de revenir à notre vie « normale ».

Un dernier coup d'oeil aux chutes Victoria en passant sur le pont qui les enjambe

Un dernier coup d'oeil aux chutes Victoria en passant sur le pont qui les enjambe

Pendant notre diner, nous avons la surprise d'être rejoints à table par un des convives de la grande tablée d'à côté. Il vient discuter avec nous et faire notre connaissance. En fait, c'est un homme d'affaires sud-africain qui fait partie d'un groupe d'entrepreneurs, comme lui, toute race confondue. Ils sont partis du Cap il y a quelques jours à peine et font une tournée dans les principales villes d'Afrique australe, pour rencontrer d'autres hommes d'affaires et aider des projets intéressants. Mais leur spécificité c'est de faire et promouvoir le business en respectant les valeurs morales et les préceptes de leur religion … on y arrive. C'est une rencontre somme toute intéressante et qui nous rappelle la vocation missionnaire dont se sentent investies beaucoup de personnes dans cette région du monde et qui nous surprend toujours un peu.

 

Lundi 8 Juin 

Livingstone - Bordeaux

Et bien voilà, nous y sommes, c'est aujourd'hui que nous reprenons l'avion du retour. Alors, après les rangements et nettoyages habituels, nous ramenons Totoy chez Nick où il va gentiment se reposer pendant quelques mois. Nous discutons un petit moment avec lui sur notre voyage et surtout, David lui passe les consignes sur les réparations et les améliorations mécaniques à apporter. D'ailleurs, on lui demande conseil pour notre problème de support d'amortisseur, on aimerait bien pouvoir le renforcer mais on ne sait pas comment.  Nick nous dépose à l'aéroport de Livingstone, en plein travaux de remise à neuf et qui devrait être terminé un jour. C'est le début d'un long voyage de retour en avion via Johannesbourg et nous sommes très heureux quand nous arrivons enfin à la maison le lendemain.

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